jeudi 30 octobre 2008

portrait chinois 3-cachez cet ongle que je ne saurais voir

et puisqu'on parle de doigt (dans le nez, voir le post précédent), attardons-nous sur l'ongle.
vous remarquerez en venant en Chine ( bien vous en porte) que les monsieurs d'un certain âge, que dis-je, les jeunes hommes aussi, ont parfois l'ongle du petit doigt horripilament( ne cherchez pas, cet adverbe n'existe pas) long. cet ongle soigneusement entretenu a plusieurs fonctions, des plus nobles aux plus repoussantes:

- dans l'art de la calligraphie, cet ongle sert à mélanger l'encre. l'ongle long est donc une marque sociale: ongle long signifie lettré, c'est comme ça que dans le passé on pouvait différencier un homme de lettres d'un homme de la terre. (c'est pas avec cet ongle que l'on va labourer un champ)

- bien plus prosaïquement ( cet adverbe existe), l'ongle sert à se curer les oreilles,le nez et les autres ongles, voir plus si affinité ( je vous avais prévenu de ne pas grignoter devant l'ordinateur-dans le post précédent...). et m'est avis que les chauffeurs de taxi ont adopté cette mode bien plus pour cette fonction pratique que pour peindre de belles lettres. ami de la poésie, bonjour.

portrait chinois 2-un doigt dans le nez


un constat du matin, attention à ceux qui sont en train de grignoter devant l'ordi (de toute façon ça ne se fait pas, ça met des miettes plein le clavier, et après les touches sont coincées...ça sent le vécu tout ça...): ce qui est ennuyeux en Chine c'est qu'on ne peut jamais se curer le nez sans être vu, sauf dans les toilettes. Les Chinois sont tellement nombreux qu'ils n'essaient plus de se cacher. les CHinois se curent donc le nez et bien d'autres choses encore en public. amis de la poésie, bonjour.

mercredi 29 octobre 2008

espoir, tu nous fais vivre

plus j'observe les humains et plus ils (ou nous, puisqu'à preuve du contraire je suis aussi un humain) me font rire. complexés, stressés, perdus, angoissés, déprimés...et pourtant ils continuent. pourquoi? pour la bonne nourriture, la bonne musique, l'amour, le shopping, l'argent?, l'amitié....l'espoir est la force de l'Homme!

differences culturelles et souffrances de l identite 1

en lecture :
"le visage de l'étranger est signe de l'absence de la mère" (Gibello)

mardi 28 octobre 2008

les premiers cheveux blancs sont apparus en Asie


ce post sera consacré à un deuxième constat alarmant concernant mon inévitable transformation. après l'expatriatite aigue qui correspond bien plus à un état pathologique, voici le cap des cheveux blancs....mais le cheveu blanc est apparu depuis quelques années déjà sur mon illustre cuir chevelu, depuis que j'ai atterri sur le sol asiatique, d'ailleurs. oui, c'était un beau matin de mars 2003, alors que je posai un pied glorieux et fébrile sur le sol de l'aeroport de Seoul, un cheveu est mort, paix à son âme, ou plutôt, un cheveu blanc est né, avec tout le vacarme et les émotions qu'entraîne une naissance, le cheveu se dressant fièrement à travers les autres cheveux d'un joli châtain, ce cheveu épais et disgracieux.

ce que j'ai remarqué il y a peu toutefois, c'est que le cheveu blanc pousse. et oui ça a été une révélation. je pensai avec ma logique bien huilée que cheveu blanc= cheveu mort. que nenni, cheveu blanc est bien vivant, seulement il a l'idée saugrenue de pas faire comme les autres, de se faire remarquer un peu, d'être moins flexible que les autres, parce qu'être blanc ça suffit pas, en plus il est tout de gingois. on a beau vouloir l'applatir, le cacher derrière les autres, il ressort toujours. c'est pourquoi j'ai eu l'idée de le couper (j'avais ouï la rumeur comme quoi les enlever en tirant ça en faisait repousser le double). et c'est pourquoi j'ai eu la révélation que le cheveu blanc continuait à vivre malgré sa décoloration. le cheveu blanc est un sujet fascinant, regardez donc ce qu'en disent les spécialistes...Je vous laisse cogiter sur ces bonnes paroles scientifiques, qui comme toujours ont le mérite d'être claires et concises.



Le blanchissement des cheveux s'appelle la canitie. C'est un phénomène très complexe dont la première explication est très simple : dès qu'un cheveu n'est plus pigmenté lors de sa conception, il pousse blanc. Certes, mais pourquoi n'est-il plus pigmenté? On a longtemps cru que cela était la conséquence naturelle de l'arrêt de production de mélanine par les mélanocytes. Et puis les chercheurs ont fait une découverte étonnante au sein du bulbe pileux du cheveu blanc : s'il on y trouve en effet des mélanocytes incapables de produire des pigments colorés, il en existe d'autres en parfait état de fonctionnement mais ne parvenant plus à transmettre leur mélanine aux kératinocytes. Aujourd'hui, les raisons de cette interruption de communication entre mélano-cytes et kératinocytes sont encore obscures.
Une autre découverte a ensuite été faite : alors qu'on pensait que les mélanocytes étaient localisés uniquement au fond du bulbe pilaire, on s'est rendu compte qu'il en existait un réservoir situé plus haut dans la gaine épithéliale externe. Ces mélanocytes sont endormis : ils ne produisent pas de pigments. Ce sont certains d'entre eux que le follicule pileux recrute pour repeupler sa partie profonde lorsqu'il commence à se reconstituer à la fin de la phase télogène. Une fois sélectionnés, ces mélanocytes sont réactivés et la production de mélanine reprend. Or, ce réservoir existe encore dans le follicule des cheveux blancs. Cela a conduit à penser que la canitie pouvait être liée à un "déficit de recrutement" dans ce réservoir. Là encore, les processus mis en jeu sont mystérieux.

lundi 27 octobre 2008

expatriatite aigue, premiers symptômes

ça y est je suis touchée, je suis foutue, je fais partie du cercle des malades atteints de l'expatriatite aigue. comment se manifeste-t-elle?
- on regarde des emissions débiles sur le site de TF1 pour se rappeler la France profonde
- on allume son ordinateur le matin pour écouter la radio française, quitte à se taper les émissions de la nuit, avec les voix rauques et endormies des présentateurs qui vous disent bonne nuit à la fin de chaque émission...bonne nuit, mais nooon; oh! pensez un peu à nous pauvres Français à l'étranger! ainsi que se taper les pubs chaudes des téléphones roses: 'tape lola.Com pour des conversations torides" oui enfin, la, tu permets je prends mon petit dej, donc, euh...
- et enfin symptome suprême qui est survenu dans mon cas hier (le temps d'incubation varie selon les malades, moi ça m'a pris 5 ans, quand même....je dois avoir de bons anti-corps) : acheter du fromage!!!!! et oui je l'ai fait. diantre; peste, morbleu....et même pas du fromage français...ben oui parce que moi et tant d'autres contrairement aux autres patients atteints de cette maladie, nous ne sommes normalement pas sujet à ce virus. j'entends par là que les expatriés sont naturellement et inévitablement atteint de l'expatriatite....mais pourquoi nous, pauvre employés sous contrat locaux, avide de se fondre dans la masse ouvrière chinoise, devons-nous subir ces pulsions qui sont au-dessus de nos revenus?? oui parce que le fromage, le vin, les céréales du matin, le vinaigre de vin de la sauce à salade, le basilic, les sardines à l'huile!! oui les sardines à l'huile qui constituent un sandwiche de fortune dans les montagnes françaises sont un luxe ici!, tout ça coûte cher. on doit le prendre en compte dans le budget.
bref, maintenant que j'ai goûté au luxe des sardines à l'huile étalées sur du pain aux céréales et aux graines de tournesol, les raviolis chinois au porc et à l'ail font grise mine. tout se paye, les gars, faut bien retourner aux sources de temps en temps! je ne connais pas le remède à l'expatriatite, m'est avis qu'une fois qu'on est atteint il est difficile d'en guérir. ce qui me rassure c'est que je ne suis pas la seule dans ce cas.

le cerveau électrique. le chinois ludique

petite page consacrée à votre apprentissage ludique du chinois. je viens de comprendre que le mot 电脑 que j'avais tant de mal à mémoriser est en fait bête comme Nihao. (oui, Nihao, Bonjour, Vous-ni你 Bien-hao好...simple, hein?) l ordinateur, qui se dit donc Dian Nao, signifie en fait cerveau 脑(nao) électrique电 (dian)。。。j'aurais parfois besoin que mon cerveau soit un peu plus de la nouvelle technologie moi aussi...

samedi 25 octobre 2008

un tour dans le cube d'eau-25 octobre




un petit tour aquatique vers le cube d'eau, vestige prestigieux du temps des JO. nous prenons la ligne 8, première fois que je vois le métro Pékinois vide, normal, cette ligne ne dessert que le complexe olympique et il est 6h, on a passé l'heure de pointe touristique du samedi....


un spectacle est donc organisé dans le cube d'eau. spectacle de sons et lumières et de jets d'eau. le cadre est splendide, la musique médiocre , les chanteurs ( en playback, une diva étrangère habituait aux bars jazz en sous-sol qui connait là sa gloire en Chine), DJ( étranger qui remixait des tubes larmoyants à coups de sons de vagues électroniques) et les jets d'eau fascinants. bref, un ensemble qui fait que l'on ressort du spectacle perplexe, à la fois content et déçu...curieux, non? si ils prenaient plus de temps pour mettre en place les spectacles, la chose pourrait être superbe. le cube d'eau est décidément superbe.














vendredi 24 octobre 2008

portrait chinois 1

La chine, douce et vaporeuse, perchée en haut des nuages, il reste dans sa culture et son architecture quelque chose de délicat et tapageur. La chine encore superstitieuse qui croit aux déesses et à Bouddha. L’art de la chine dans le vide. La cité interdite ? une cour immense et vide. Le temple du ciel ? un autel et un jardin vide. Tout est fait en grand. Seulement les chinois sont bien trop nombreux pour laisser du vide dans les rues. La seule solution est de se réfugier dans les parcs où se trainent en mouvements détaillés et lents les sexagénaires. Le vide est un espace à créer à l’intérieur de soi, quand il n’en reste plus à l’extérieur.
La chine moderne, lumineuse , bruyante acharnée, qui veut réussir , qui veut gagner de l’argent, qui veut s’imposer. Le succès chinois.
Et moi dans tout ça ? ces portraits sont aussi les miens. Cette chine qui m’était indifférente commence à me plaire. On commence à aimer un pays quand on s’identifie à lui, quand on y trouve quelque chose qui nous ressemble. Ce que j’ai aimé en premier c’était son grand bordel, son grand remue-ménage ..désordonné, moi, quoi. Maintenant je commence à apprécier et mieux connaître ses côtés cachés, ses quartiers populaires, sa vie. La vie ! alors peut-être que je vais continuer à y vivre pour en faire d’autres portraits .

en rentrant le soir

ce soir en revenant guillerette d un succulent resto thaïlandais, j ai traversé comme d'habitude ce que j'appelerai la place du village: une sorte de parc mais très bétonné et assez hétéroclite qui sert de lieu de réunion à divers groupes de personnes. je ne sais plus si j'en avais déjà parlé dans un post, mais va pour me répéter, l'âge servant dorénavant d'excuse....
dans ce parc le matin de 7h30 à 8h, vous trouverez des cercles de papis et mamis emmitouflés dans leur vestes en coton matelassé, chaussés de leurs baskets ou de leurs chaussures noires en semelle en crêpe, et faisant toutes sortes de gestes bénéfiques pour la santé. depuis que je suis arrivée dans le quartier, j'ai pu faire connaissance du regard avec les mamies-épées qui sur un air bien chinois où un monsieur scandent les noms des différentes positions (genre"le dragon ailé") brandissent de légères épées. parfois-même le "leader" du groupe possède un mégaphone.
d'autres mamies plus âgées en cercle se tapotent les jambes en cadence et dans un ensemble parfait pour favoriser la circulation. d'autres sont perchés ou plutôt pendus aux divers appareils de sport, et lèvent en vous narguant la jambe au niveau de leur buste...pfff, oh oui ça va, hein, je peux le faire moi aussi....oui, enfin, à la verticale alors, hein....d'autres baladent leur affreux chiens qui tirent de la langue et reniflent , des espèces de rats blancs à la queue en panache....mais finalement, croyez-le ou pas je commence à les trouver drôles, ces chiens. surtout quand ils trottent devant moi, que leur petit panache se balance, et que je vois leurs minuscules papattes tricotter pour semer le maître derrière.et enfin, un personnage, un vieux monsieur tondu en jogging gris sale, que je vois tous les matins dans des positions inimaginables, la tête en haut ou en bas, suant à pleines gouttes: il a à ses côtés des armes d'arts martiaux, me semble-t-il, des pics, des tridents, des épées, etc...impressionnant.
ce soir donc en revenant, j'ai croisé comme tous les soirs le bal populaire. quand le temps le permet, c'est à dire tous les soirs sauf quand il pleut et qu'il neige, les gens du coin se rassemblent là pour danser. c'est une sorte de rock chinois, qui a quelques pas de valse aussi. dhabitude la musique se résume à quelques roumtata chinoisesque, mais ce soir, quelle surprise: on avait droit avant l'heure à "jinggle bells" version swingée. je vous dis que ça bougeait grave sur la place ce soir...

jeudi 23 octobre 2008

l'après JO

il n y a pas si longtemps que l on a pu dire au revoir aux décorations florales qui avaient été mises en place pour les JO de Beijing. elles avaient été maintenues jusqu'aux vacances du 1er octobre. pour cette occasion, le nombre de visiteurs dans le village olympique a parait-il dépassé celui des visiteurs de la Grande Muraille...un record historique! tous les Chinois en vacances en ont profité pour faire un tour dans la nouvelle attraction de BEijing. la plupart des installations ont déjà commencé leur reconversion, exemple le cube d'eau où je vais aller voir un spectacle de son et lumière aquatique demain soir, je sais pas encore à quoi ça peut ressembler, mais comme je n'avais pas pu aller dans le Cube pendant les JO, c'est une bonne occasion pour le faire maintenant. de son côté, le trafic pékinois a aussi connu son heure de gloire. le premier lundi après les vacances, il m' a fallu presque 1h30 pour rejoindre le bureau, au lieu d'à peine une heure en temps normal. on a eu l'impression que tout d'un coup tous les Pékinois qui avaient laissé leur voiture au garage pendant les JO s'en donnaient à coeur joie. une hémorragie de voitures. le gouvernement a récemment pris la sage décision de reprendre les mesures prises pendant les JO...c'est à dire que certains jours les voitures dont le numéro de la plaque d'immatriculation finit par 2 ou 4 par exemple ne peuvent pas circuler. et joie joie joie, le trafic s'est nettement amélioré.
par contre, une mesure olympique qui est restée active et que je ne m'explique pas , ce sont les contrôles dans le métro....il y a effectivement le sommet de l'ASEM en ce moment mais il ne se tient pas à Beijing. alors voilà la question: à quoi servent ces contrôles? obligés de passer nos sacs sous le scanner, les gens commencent à râler. peut-être ont-ils trouvé là un bon moyen de minimiser les risques d'attentat des contestataires issus des "minorités ethniques"?? je ne vois pas d'autre explication. les Jo ont été une bonne excuse pour renforcer la"sécurité" de la capitale...une vraie forteresse...

jeudi 16 octobre 2008

dernier jour dans le Jeollabukdo: Ma I San










le 2 octobre, je pars de Jeonju et de son hôtel Adam pour prendre le bus, direction une petite ville,Jin An, célèbre pour son gingseng. arrivée là, le terminus me réserve encore quelques images inoubliables: des fauteuils ont été installés à l'extérieur, et les vieux sont assis en rang d'oignons au soleil. je n'ai pas l'impression qu'ils attendent un quelconque bus, mais plutôt qu'ils profitent du moltonné des sièges pour discuter avec leur voisin. mais au milieu d'eux, une femme d'un âge indéfinissable me scrute. son visage est tané par le soleil, luisant et lisse comme un soulier neuf, elle porte un foulard sur la tête, ses yeux sont d'un noir profond.elle me fait penser à une gitane et je ne sais pas si son aura vient de son originalité au milieu de ces vieux coréens joyeux ou d'un pouvoir intérieur. je la soupçonne même d'être chamane. bref, je détache mes yeux de cette apparition et j'attrape un bus pour la montagne de Ma I san (马耳山 la montagne des oreilles de cheval). arrivée à l'entrée du site, une femme qui ne ressemble pas à une coréenne me donne des infos touristiques sur le lieu et me parle dans un anglais approximatif:"hello, m'dam, you com' here teach english?" "-no" "-married?" "-no"....les deux questions de base posées, elle ne voit pas pourquoi je suis venue en Corée...si en plus je lui dis que je suis une française qui habite en Chine et qui parle Coréen, je pense que ça lui fera un trop gros choc, alors je m'abstiens et la remercie. je pense après coup qu'elle était thaïlandaise, car je retrouve quelques mètres plus loin un car entier de touristes thaïlandais venus visiter les lieux.
Ma I san est assez petite, et pas vraiment spectaculaire. mais ce qui la caractérise, c'est donc ses deux petits sommets qui, si on se trouve en face, ressemblent à deux oreilles de cheval. dans le col qui est formé par ces deux sommets, un temple très original (unique en Corée) a été construit. sa particularité vient de ces colonnes de pierres qui ont été entassées par une seule personne, le moine hermite Lee Kap yong pendant plus de 30 ans. certaines colonnes font plus de 10 mètres, et elles tiennent debout sans colle ni procédés techniques, juste grâce à la force divine, selon le moine. c 'est cela que j'étais venue voir, car le site est souvent en photo dans les livres touristiques sur la Corée. seulement la visite ne prend qu'une vingtaine de minutes, alors j'entreprends l'ascension sur le côté de la montagne. après le 'trek' d'hier, c'est du gâteau, et j'arrive sans trop de peine au sommet, avec une vue imprenable sur le doux relief si typiquement coréen. des vallons vert sombre, des rizières verts clairs, les nuages gris et le bleu des abris agricoles, au loin les oreilles de cheval qui semblent s'ébrouer pour chasser les mouches...la montagne vit.


c'est là que je fais mon au revoir solennel à la Corée, mais que je lui dis à Bientôt aussi. je suis arrivée au bout de la quête de ce voyage, satisfaite, sereine et rassurée. rassurée d'avoir encore une fois été accueillie si chaleureusement par le pays et ses habitants, mes amis, mes nouveaux amis, les montagnes, la mer, le ciel et les esprits.

vendredi 10 octobre 2008

de NaeSo sa à Jeonju-1er octobre 2008


Arrivée à l'entrée du temple de Naesosa, je dépose mon sac à l'accueil du parc national et je regarde un peu les horaires des prochains bus: il faut que je me rapproche de Ma I San, la destination initiale de mon voyage dans la région, puis j'achète mon ticket d'entrée. Une allée d'arbres mène au temple, il est à peu près 9h30 du matin, les touristes et les promeneurs ne sont pas encore arrivés, les graviers du sentier crissent doucement sous mes pas. Devant moi un étudiant se promène aussi. Le temple dans sa structure ressemble à n'importe quel temple coréen: un porche d'entrée avec les 4 déités protectrices, le bâtiment administratif, le magasin de souvenirs, le bâtiment pour écrire les voeux sur les tuiles et poser des bougies et de l'encens, les bâtiments de prières avec les statues des bouddhas, les toilettes et enfin les quartiers des moines, le tout en harmonie parfaite avec le relief et l'horizon que forment les montagnes. Le faite des toits s'allongent à la perfection le long des arêtes montagneuses en arrière plan, les couleurs elles-mêmes se fondent dans les douces nuances du paysage. C'est ce que j'apprécie le plus dans les constructions traditionnelles coréennes: c'est cette modestie dans l'architecture, dans les matériaux et les couleurs utilisées. Le temple de Nae so sa semble encore plus modeste que les autres, les couleurs dominantes sont les gris et les blancs.


Je me désaltère à la fontaine du temple et entame avec entrain l'ascension des sommets. Il faut dire ici que je n'ai rien avalé de la matinée, pensant trouver de quoi me restaurer en haut, comme dans beaucoup de montagnes coréennes. Le relief coréen est peu élevé mais très escarpé, les sentiers grimpent très vite, il n'y a pas vraiment de cols ni de vallées à proprement parlé, c'est une succession de petits sommets secs, plantés de pins tortueux et de quelques bambous nains, parcourus en vitesse par des écureuils curieux et des merles impatients. Quand je vivais à Séoul, il faut croire que mes rares expéditions dans les montagnes de la banlieue et dans le centre ville entretenaient mon endurance....Pékin quant à elle est une plaine...c'est donc avec peine que j'ai atteint le premier point de vue sur le temple en contrebas.


Pendant cette halte, l'étudiant m'a rattrapée. À mon grand étonnement, il me demande où je vais. « vers les cascades, je pense ». « tu voyages seule? Tu dois t'ennuyer! Moi aussi je vais aux cascades,allons-y ensemble! ». on part donc en papotant le long des sentiers, et l'ascension se fait moins difficile. Et surtout, quand je lui dis que je n'ai rien mangé, il me promet de me donner un bout de la viennoiserie qu'il a dans son sac quand on fera une halte. Je ne le lâche plus d'une semelle.^-^ mon compagnon de fortune a fuit pour quelques jours Séoul, trop stressé par ses études, il a choisi au hasard cette destination. La nuit il a dormi dans un sauna, comme le font beaucoup de jeunes coréens pour économiser une nuit à l'hôtel ou bien une course en taxi tardive pour revenir chez eux. Arrivés aux cascades, il est très déçu, moi un peu moins, car les cascades sont asséchées. Le sud de la Corée a connu une année très sèche. Lui apparemment c'était là qu'il voulait s'arrêter pour la journée. On a partagé ce pain tant attendu, et je le décide à monter plus haut, vers un autre temple, à quelques 3 ou 4 kilomètres de là. Nous arrivons plus morts que vifs dans ce temple après 1heure et demie environ de sentiers serpentant dans les montagnes. Lui aussi commence à avoir faim, et nous finissons la dernière goutte de notre eau...heureusement tout temple a sa source, mais point de nouilles instantanées à vendre...je lorgne avec désespoir la pomme qu'est en train d'éplucher la demoiselle qui aide au temple, les casseroles qui fument, et les kakis qui murissent doucement au soleil. Pas moyen, Bouddha n'a aucune pitié pour mon ventre qui crie famine. Mon ami me propose un sachet de thé au Ginseng, qu'il avale sans eau « ça donne quand même de l'énergie ». je pense qu'on pourrait bien s'en sortir tous les deux sur une île déserte, on est plein de ressources...bon; faut penser à descendre maintenant, en quittant le temple, le moine- ou l'apprenti moine- nous interpelle: « vous partez déjà? Vous ne m'avez même pas demandé de vous raconter les histoires intéressantes sur ce temple! »nous: « ah oui? Quelles sont ces histoires? »lui: « moi non plus je ne sais pas »....plus tard, mon ami étudiant me dira qu'il y avait là sûrement un message plein de sagesse, du genre: chercher les choses cachées, etc. je lui apprends à descendre de façon ludique les montagnes, c'est-à-dire en courant, quand le terrain nous le permet. Quand on ne dégringole plus les sommets et que l'on retrouve une allure normale pour souffler, j'entends un faisan. Je dis « ah! Un faisan!(comme je sais pas le nom en Coréen; je dis 'l'oiseau le plus bête qui fait kuaaa', il comprend) on peut le manger!! ».


l'instinct de survie est merveilleux, je repère aussi des champignons, des noisettes, enfin toute sorte de choses comestibles. Les guibolles flageolantes et le ventre creusé, les deux drôles arrivent devant les restaurants de l'entrée du parc national. C'était ça aussi qui nous a fait descendre plus vite. À 4 heures de l'après-midi, nous dégustons un succulent délectant San Che Bibimpap (un bibim pap avec des légumes de la montagne), arrosé de l'alcool de riz Dong Dongju. Quel bonheur!
Persuadée d'avoir lu qu'il y avait un bus qui partait à 5h 30 pour une ville importante où il pourra prendre un bus pour Séoul et moi un bus pour Ma I san, nous patientons une bonne heure sous la treille, à se faire bouffer les jambes, les bras et le visage par les affreux moustiques de la montagne (c'est les plus coriaces, j'ai encore les marques...) et à grignoter du riz cramé séché et un peu périmé. Arrivé 5h30, point de bus, il rit jaune, mais me pardonne. On se rend dans une petite ville, où il prend en vitesse le dernier bus pour Séoul et moi le bus pour la grande ville importante (Jeonju). On se croise tout juste entre deux bus pour se dire Salut, et puis voilà. Un ami d'un jour, car on n'a pas eu l'idée de s'échanger nos mails ou autre. J'arrive à Jeonju la nuit tombée, près du terminal de bus je choisis un hôtel au hasard, c'est pas ce qu'il manque, mais j'essaie de prendre celui qui a l'air le moins glauque: le bien nommé Adam and Son (j'avais lu Adam and Eve, mais je m'étais trompée). Décor de château en carton pâte, de quoi faire des rêves de princesse. Demain Ma I san!!!

mercredi 8 octobre 2008

30 septembre et matinée du 1er octobre: Kyok Po

il faut bien que je fasse le récit de ce petit séjour à présent.
le Jeolla Buk do est situé dans le sud-ouest de la Corée, à 3 heures en bus de Séoul. Pourquoi partir dans cette région d'abord? Lorsque j'ai appris le coréen à Bordeaux, notre professeur nous a parlé des montagnes coréennes: Seoraksan, Chirisan et Ma I San. Seoraksan je connais pour y avoir passé plusieurs vacances, Chirisan j'y suis allée il y a deux ans...il ne manquait plus que Ma I san, qui se trouve donc dans la région du Jeolla bukdo. J'ai pris une carte de la région; je l'ai ouverte, j'ai situé Ma I san, puis la mer. J ai pointé une ville non loin de là, et le lendemain je prenais le bus express en direction de la ville de Cheong Eup. De là j'ai pris à nouveau un bus de ville pour me rendre dans le port de Kyok Po. Sur la carte touristique, le coin avait l'air assez connu, et des bateaux pour les îles partaient de là. La route pour y parvenir est superbe. On longe la mer, on traverse des villages de pêcheurs; le ciel un peu nuageux donne sa tristesse grise et mélancolique à la surface de l'eau. Le port en lui-même n'est pas très joli, mais ça je ne me faisais pas d'illusion, je voulais simplement voir la mer. La jetée est en plus en travaux, je l'emprunte comme tous les pélerins pour aller jusqu'au petit phare. Des pêcheurs sont confortablement installés sur les bords de la jetée, les gens se promènent calmement. Tout est calme, même le vent qui souffle semble enveloppé dans du coton. Tout autour de moi est ouaté, doux, sain.



À l'origine je devais partir directement pour une autre montagne non loin de là, mais les hôtels sont nombreux ici, et je suis fatiguée que je n'ai pas la force de reprendre le bus. Je m'installe donc face au port et j'observe d'abord les allées venues des bateaux de touristes. Ils transportent des groupes de vieux et vieilles, tous aussi excités les uns que les autres d'embarquer dans ces bateaux chantant et tonitruant. J'avais déjà fait l'expérience de ce genre de croisière coréenne, où la balade en bateau à la découverte des paisibles îles et au gré de la calme houle marine se transforme en la croisière s'amuse: karaoké, danse, commentaires au micro, etc...je regarde donc amusée ces apprentis croisiéristes sans les accompagner. L'heure est à la contemplation. Bien m'en a pris: arrive alors un bateau de pêcheur qui ouvre bientôt ses coffres aux trésors...la pêche aux crabes a été bonne,le propriétaire remplit 5 ou6 sacs au moyen d'un système ingénieux de seaux percés pour transvaser les crabes. J'admire la technique. Puis arrivent les camionnettes chargées de caissons remplis d'eau de mer, qui chargent au fur et à mesure des prises les fruits de mer et poissons. Peut-être pour ravitailler les restaurants de la côte, ou bien le vivier que j'ai vu ensuite en remontant dans le village. Enfin, un autre bateau de pêcheur accoste juste devant moi. De gais lurons qui ne sont sûrement pas du coin mais en plaisance débarquent en plaisantant du bateau. Deux d'entre eux se plantent à côté de moi et prennent la pose, en disant au photographe: « tu sais ce que tu dois prendre en photo; hein? » à leur grand dam le photographe n'a pas compris et se contente de les prendre en photo là où ils sont, en évitant l'étrangère qui se marre bien, parce qu'elle elle a compris. Ce n'est que partie remise, le photographe m'a alors repéré et vient s'asseoir à côté de moi. « tu viens d'où, qu'est-ce que tu fais, etc... »2 minutes après je suis entourée des joyeux drôles partis en mer attraper la friture pour le dîner du soir: un énorme poisson qu'il me montre en trophée. On me présente le célibataire du groupe, la quarantaine bedonnante, soit disant chanteur de charme...oui oui...on m'invite à aller prendre le dîner mais non merci décidément, je vais rester dans mes pensées pour aujourd'hui...je me trouve un hôtel où l'on me place dans la chambre spéciale: vue sur la mer...à partir de là je ne bouge plus de ma chambre et je contemple les changements du ciel au gré des heures. Je déguste une pomme, spécialité de la région. Ça sera pas pour ce soir la fricassée de crevettes et la soupe de poisson.



Le lendemain je prend le premier bus pour le temple de NaeSosa, situé dans le parc national de ByonSan Ban do. Le terminal du bus de Kyok Po est minuscule, on attend le bus devant une supérette. L'attente révèle dans ces cas-là toujours des petits plaisirs: le petit café instantané du matin, assise sur une chaise en plastique, face au soleil, et j'observe. J'observe les allées venues du petit chien noir de la propriétaire de la supérette qui terrorise deux petites filles qui partent à l'école, puis le chauffeur de bus qui court après le petit chien, la propriétaire qui balaie les marches de son balai de paille, les militaires en formation qui saluent l'officier qui les a amené en voiture jusqu'au terminus, le papi et la mamie qui s'échangent quelques mots insignifiants. Je presse le chauffeur de bus de partir à l'heure, car je suis la seule passagère. Pas de panique, le long du trajet vers le temple, on s'arrêtera plusieurs fois le long de la route et aux croisements pour prendre en stop des mamies et papis pliés en deux, serrant dans leurs mains ridées le billet de 1000 wons ou la pièce, portant sur la tête leur petit pactole de racines, herbes, et autres trouvailles de la nature. J'admire un papi qui monte très digne dans son hanbok (costume traditionnel) d un rose clair magique, le petit veston bleu ciel si léger qu'il laisse passer la lumière et le chapeau blanc. Les rayons du soleil traversent le tissu de lin et laissent entrevoir les bras maigres du papi. Il est tout fait de lumière et de légèreté, si bien qu'on a l'impression que si il se cramponne au fauteuil d'avant, c'est pour ne pas s'envoler.
Je laisse la visite du temple de NaesoSa et des monts de Byonsan ban do pour un post suivant.

mardi 7 octobre 2008

rectificatif.....comment les Chinois s'amusent??

j'ai été un peu trop rude dans le post précédent. s'il n'y a pas d'événements et festivals organisés, ce n'est pas parce que les Chinois n'en ont pas envie, au contraire,ils aiment se rassembler et passer du bon temps, comme tout humain...c'est parce que c'est impossible. l'impossible ici est décrété par le gouvernement, mais aussi par des raisons plus objectives.
la première c'est le nombre d'habitants. si on commence à faire de la pub pour le moindre petit festival, c'est une marée humaine qui va s'y rendre, ce qui entrainera une situation de bus et métro bondés, embouteillages et autres mouvements de foule. il n'y a qu'à voir ce qui arrive pendant les fêtes et les départs en vacances...
la deuxième raison c'est que l'on a peur des rassemblements de foule. qui dit groupe dit émulation, dit contestation.
il me reste donc à apprendre à m'amuser à la Chinoise...jeux vidéos? repas à la maison? Jiao Zi party avec les amis? jeu de majong, de cartes, cerf volants, cabaret tripot, maison de thé, pêche, tour en bateau sur les lacs...tout ça me semble un peu viellot....sont-ce seulement les vieux chinois et les étrangers qui s'amusent dans ce monde??allez quoi, dites moi~~~~~~

lundi 6 octobre 2008

premieres impressions apres le retour. Chine VS Coree

La premiere impression c'est que la Chine et la Coree c'est different...c'est bete a dire, mais a force d'entendre les gens assimiler la Coree et la Chine ( et parfois meme les Coreens eux-memes le disent) et de devoir repondre a leur question :"c est pas tres different de la Chine , non?" et de ne pas trouver de reponse satisfaisante, j avais oublie que, oui, la Coree est differente de la Chine. et combien!! j ai eu l impression de prendre une grande bouffee d air frais en arrivant a Seoul. un vent de liberte. une energie formidable. les nuits pekinoises sont animees par les etrangers, quoi qu'on dise, le soir dans les bars a Pekin y a que des etrangers. a Seoul??? des jeunes coreens, qui s'amusent et boivent ..bon. autre exemple? a Seoul y a des festivals, ya des affiches qui parlent de tel et tel evenement, ya des jeunes qui distribuent des pubs pour leur prochain spectacle. a Pekin??? rieeeen.faut ecumer les magasines et les journaux pour savoir ce qu'il se passe, et encore, faut lire entre les lignes ( je garderai toujours a l esprit cette phrase dans le journal pekinois pour la ceremonie d ouverture: 'il y aura des ecrans places dans les parcs de Pekin. le gouvernement conseille vivement a ses citoyens de rester chez eux ce soir-la').la Coree? c est la politesse des vendeurs et vendeuses dans les magasins et dans les restaurants. ( pas toujours, mais le pourcentage est quand meme nettement plus eleve qu'en chine...et qu'en France?)c'est la proprete des taxis, des bus. c'est pouvoir s'asseoir dans le bus et le metro en pleine journee.

A Pekin, on sent une certaine crainte du peuple, la crainte de l'autre ou bien la negligence de l'autre?je ne veux pas blamer les Chinois, et surtout je ne veux pas blesser mes amis, je pars seulement de constats.peut etre est-ce le fait de la rudesse de la vie qu'ils menent, il parait que c etait la meme chose en coree dans les annees 60. bien sur la misere et les soucis de la vie n'aident pas a s ouvrir sur l autre, trop de tracas dans sa propre vie pour aller voir si l'autre a besoin d aide.qu en est il de la France? non j arrete la de faire des comparaisons. parlons de la Coree tout simplement. lumiere et chaleur de la Coree!!
mais je ne desespere pas et continue ma conquete de Pekin la citadelle!!

dimanche 5 octobre 2008

sanlu qui rient-

http://orientourien.blogspot.com/2008/10/san-lu-qui-rient.html
 
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