mercredi 8 octobre 2008

30 septembre et matinée du 1er octobre: Kyok Po

il faut bien que je fasse le récit de ce petit séjour à présent.
le Jeolla Buk do est situé dans le sud-ouest de la Corée, à 3 heures en bus de Séoul. Pourquoi partir dans cette région d'abord? Lorsque j'ai appris le coréen à Bordeaux, notre professeur nous a parlé des montagnes coréennes: Seoraksan, Chirisan et Ma I San. Seoraksan je connais pour y avoir passé plusieurs vacances, Chirisan j'y suis allée il y a deux ans...il ne manquait plus que Ma I san, qui se trouve donc dans la région du Jeolla bukdo. J'ai pris une carte de la région; je l'ai ouverte, j'ai situé Ma I san, puis la mer. J ai pointé une ville non loin de là, et le lendemain je prenais le bus express en direction de la ville de Cheong Eup. De là j'ai pris à nouveau un bus de ville pour me rendre dans le port de Kyok Po. Sur la carte touristique, le coin avait l'air assez connu, et des bateaux pour les îles partaient de là. La route pour y parvenir est superbe. On longe la mer, on traverse des villages de pêcheurs; le ciel un peu nuageux donne sa tristesse grise et mélancolique à la surface de l'eau. Le port en lui-même n'est pas très joli, mais ça je ne me faisais pas d'illusion, je voulais simplement voir la mer. La jetée est en plus en travaux, je l'emprunte comme tous les pélerins pour aller jusqu'au petit phare. Des pêcheurs sont confortablement installés sur les bords de la jetée, les gens se promènent calmement. Tout est calme, même le vent qui souffle semble enveloppé dans du coton. Tout autour de moi est ouaté, doux, sain.



À l'origine je devais partir directement pour une autre montagne non loin de là, mais les hôtels sont nombreux ici, et je suis fatiguée que je n'ai pas la force de reprendre le bus. Je m'installe donc face au port et j'observe d'abord les allées venues des bateaux de touristes. Ils transportent des groupes de vieux et vieilles, tous aussi excités les uns que les autres d'embarquer dans ces bateaux chantant et tonitruant. J'avais déjà fait l'expérience de ce genre de croisière coréenne, où la balade en bateau à la découverte des paisibles îles et au gré de la calme houle marine se transforme en la croisière s'amuse: karaoké, danse, commentaires au micro, etc...je regarde donc amusée ces apprentis croisiéristes sans les accompagner. L'heure est à la contemplation. Bien m'en a pris: arrive alors un bateau de pêcheur qui ouvre bientôt ses coffres aux trésors...la pêche aux crabes a été bonne,le propriétaire remplit 5 ou6 sacs au moyen d'un système ingénieux de seaux percés pour transvaser les crabes. J'admire la technique. Puis arrivent les camionnettes chargées de caissons remplis d'eau de mer, qui chargent au fur et à mesure des prises les fruits de mer et poissons. Peut-être pour ravitailler les restaurants de la côte, ou bien le vivier que j'ai vu ensuite en remontant dans le village. Enfin, un autre bateau de pêcheur accoste juste devant moi. De gais lurons qui ne sont sûrement pas du coin mais en plaisance débarquent en plaisantant du bateau. Deux d'entre eux se plantent à côté de moi et prennent la pose, en disant au photographe: « tu sais ce que tu dois prendre en photo; hein? » à leur grand dam le photographe n'a pas compris et se contente de les prendre en photo là où ils sont, en évitant l'étrangère qui se marre bien, parce qu'elle elle a compris. Ce n'est que partie remise, le photographe m'a alors repéré et vient s'asseoir à côté de moi. « tu viens d'où, qu'est-ce que tu fais, etc... »2 minutes après je suis entourée des joyeux drôles partis en mer attraper la friture pour le dîner du soir: un énorme poisson qu'il me montre en trophée. On me présente le célibataire du groupe, la quarantaine bedonnante, soit disant chanteur de charme...oui oui...on m'invite à aller prendre le dîner mais non merci décidément, je vais rester dans mes pensées pour aujourd'hui...je me trouve un hôtel où l'on me place dans la chambre spéciale: vue sur la mer...à partir de là je ne bouge plus de ma chambre et je contemple les changements du ciel au gré des heures. Je déguste une pomme, spécialité de la région. Ça sera pas pour ce soir la fricassée de crevettes et la soupe de poisson.



Le lendemain je prend le premier bus pour le temple de NaeSosa, situé dans le parc national de ByonSan Ban do. Le terminal du bus de Kyok Po est minuscule, on attend le bus devant une supérette. L'attente révèle dans ces cas-là toujours des petits plaisirs: le petit café instantané du matin, assise sur une chaise en plastique, face au soleil, et j'observe. J'observe les allées venues du petit chien noir de la propriétaire de la supérette qui terrorise deux petites filles qui partent à l'école, puis le chauffeur de bus qui court après le petit chien, la propriétaire qui balaie les marches de son balai de paille, les militaires en formation qui saluent l'officier qui les a amené en voiture jusqu'au terminus, le papi et la mamie qui s'échangent quelques mots insignifiants. Je presse le chauffeur de bus de partir à l'heure, car je suis la seule passagère. Pas de panique, le long du trajet vers le temple, on s'arrêtera plusieurs fois le long de la route et aux croisements pour prendre en stop des mamies et papis pliés en deux, serrant dans leurs mains ridées le billet de 1000 wons ou la pièce, portant sur la tête leur petit pactole de racines, herbes, et autres trouvailles de la nature. J'admire un papi qui monte très digne dans son hanbok (costume traditionnel) d un rose clair magique, le petit veston bleu ciel si léger qu'il laisse passer la lumière et le chapeau blanc. Les rayons du soleil traversent le tissu de lin et laissent entrevoir les bras maigres du papi. Il est tout fait de lumière et de légèreté, si bien qu'on a l'impression que si il se cramponne au fauteuil d'avant, c'est pour ne pas s'envoler.
Je laisse la visite du temple de NaesoSa et des monts de Byonsan ban do pour un post suivant.

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